Complots, ruses, de bons flingages à l'ancienne, de l'humour, des références musicales qui me ramènent dans cette époque bénie de ma jeunesse sauvage, des bombes, tout y est ... et il vaut mieux être copain avec cette famille pas comme les autres.

Un vrai polar cinématographique.
2 tomes disponibles.

La famille Pomodoro

Roman d'aventures

Tome 1 : Gaspacho Russe

Paris, 1984. La famille Pomodoro coule des jours paisibles, savourant une vie partagée entre deux activités qui leur tiennent à coeur. D' un côté, l'exécution de contrats d'assassinat et de l'autre... la reine des traditions italiennes. Tout aurait pu être parfait dans le meilleur des mondes, si un beau jour d'avril une autre famille, mais espagnole celle-ci, n'avait décidé d'essayer de les supplanter, avec la farouche volonté de prendre la tête des équipes de tueurs à Paris. Entre ces deux équipes qui vont se déchirer, un homme ricane, un Russe, qui tire les ficelles et qui les fera danser un ballet de son cru. On sait depuis longtemps que lorsque trois camps s'affrontent, on est sûr d'en voir deux s'écrouler et un seul réussir à tirer son épingle du jeu. Cette fois-ci, qui d'entre eux sera le vainqueur ? Qui sortira vivant de cette triple confrontation ? Ce qui est certain c'est qu'ils apprendront tous que mélanger cuisines italienne et espagnole peut s'avérer indigeste voire mortel. Au menu de ce roman, une bonne pincée de personnages attachants et hauts en couleur, quelques décilitres d'humour, une dizaine de kilos d'action, le tout saupoudré de rebondissements en poudre. Et un ruban fluo pour enrouler le tout, bien entendu.

Broche La famille Pomodoro tome 1, de Nicolas Pellolio.
Broche La famille Pomodoro tome 1, de Nicolas Pellolio.
Ebook La famille Pomodoro tome 1, de Nicolas Pellolio.
Ebook La famille Pomodoro tome 1, de Nicolas Pellolio.

ISBN : 979-8328311540

Nombre de pages du broché : 411 pages

Date de sortie : 12 juin 2024

Disponible dans l'abonnement Kindle

Lire un extrait - Chapitre 1 :
Requiem pour un gros porc

Sinibaldo laça ses chaussures noires montantes, à semelle en plastique mou, puis il vérifia encore une fois que son revolver — un Beretta 70s — était bien enfoncé dans son holster sous son aisselle gauche. Il se saisit d’un couteau de chasse et le glissa dans un étui de cuir cousu sur sa toute nouvelle veste noire en Kevlar. Il se ceignit d’une cartouchière de .22 Long Rifle et enfila ses gants de latex, noirs également. Il se mira dans son miroir et sourit. Trente-deux ans, toutes ses dents et tous ses cheveux. L’excitation de la chasse arrivait à grand galop et il adorait la laisser l’envahir.

— Prêt ? demanda Farfalla en se positionnant à côté de lui. Elle se déhancha de manière charmante et se sourit dans le miroir, car son corps aux formes méditerranéennes était mis en valeur par le costume moulant.

Sinibaldo regarda avec fierté sa sœur. Elle avait ramassé ses beaux cheveux blonds ondulés en un chignon serré sur le haut du crâne et s’était habillée de la même façon que lui. Seul équipement qui les différenciait : leur arme. Au lieu du Beretta 70s, Farfalla avait une carabine de précision Fr-F1 accrochée dans son dos. Le canon dépassait de plus de trente centimètres derrière sa tête.

— Presque, cara mia ! répondit-il en lui tendant une cagoule noire qu’elle enfouit dans sa poche.

Ils enfilèrent ensuite un large jean par-dessus leur pantalon serré ainsi qu’un gros pull-over de mailles sur leur veste.

« Pas question de sortir vêtu comme des tueurs de cinéma, nous nous ferions arrêter aussi sec ! » aimait répéter Sinibaldo.

— Tu as pris ton faux permis de conduire ? demanda la jeune femme blonde.

— Si ! Et toi, ta fausse carte d’identité ?

— Si ! Alors, andiamo !

Les deux Italiens sortirent de la maison familiale par la porte de la cuisine et s’enfilèrent prestement dans une Citroën BX rouge.

— On ne prend pas l’Alfa ! remarqua la jeune femme en faisant la moue.

— Non. Mamma a préparé la Citroën.

— Je hais ces voitures françaises à hauteur variable : elles me filent la gerbe.

Farfalla déposa son fusil sur le siège arrière, le recouvrit d’une couverture puis s’assit sur le siège passager. Sinibaldo tourna la clé et le moteur ronronna. L’autoradio se mit en marche, faisant retentir « Cambodia ». Farfalla se mit à fredonner les paroles tout en agitant son corps dans l’étroit habitacle. Son frère la regarda du coin de l’œil et grommela :

— Comme je regrette la bonne époque du disco. Comment peux-tu danser sur ces musiques électroniques ?

— Tu le saurais si tu venais avec moi en boîte, rétorqua Farfalla. Je t’assure que c’est le pied de danser sur ces hits !

— Non merci. Le fluo et les néons colorés, très peu pour moi.

— Moi j’aime bien, gloussa Farfalla en touchant ses cheveux. Elle regrettait de ne pas pouvoir mettre un ruban jaune fluo dans ses cheveux lorsqu’elle travaillait, mais pour des raisons évidentes de discrétion, cela lui était impossible.

— Et je suis sûre que si tu voyais la chanteuse, tu changerais d’avis.

Sinibaldo tiqua et jeta un œil méfiant à sa sœur.

— Pourquoi ? Elle est jolie, cette euh... ?

Farfalla acquiesça en souriant.

— Kim Wilde. Oui, très. C’est une Anglaise.

— Une jolie Anglaise ? Tu plaisantes ?

— Pfff, t’as vraiment les goûts bloqués d’un Italien. Je parie que tu trouves que Sophia Loren est la plus belle femme de tous les temps.

Sinibaldo se tourna brusquement vers Farfalla et la BX frôla le pare-chocs d’une voiture garée.

— Eh bien, évidemment ! C’est — c’était et ça sera — toujours la plus belle.

La jeune blonde le regarda avec un air de pitié.

— Tu me fais de la peine. Finies, ces femmes qui faisaient rêver nos pères. Maintenant celles qui déchirent tout, ce sont des Madonna, des Jeanne Mas !

— La première est au moins d’origine italienne, c’est déjà ça, affirma Sinibaldo.

Le tube se termina et la voix enjouée de l’animateur remplit l’habitacle.

— Hey Hey Hey ! La nuit ne fait que commencer, mais elle est déjà chaude ! Grâce entre autres à la sublime Kim Wilde ! La suite ne sera pas plus nationale, mais tout aussi chaude ! Vous qui nous écoutez, demandez-vous ce que vous faites en ce début du mois de juin 1984 ! Si vous n’êtes pas déjà partis en vacances, préparez-vous à décoller grâce à notre radio ! Tubes et hits internationaux, vingt-quatre sur vingt-quatre ! Et pour vous le prouver, voici un hit transalpin : Assassino, de Amanda Lear !

Un hurlement de loups sorti de deux gorges fit faire une embardée à la voiture et aussitôt le frère et la sœur se mirent à chanter à tue-tête, couvrant la voix de la sulfureuse blonde.

Au fil des tubes, la BX remonta le Boulevard de la Villette, puis après quelques centaines de mètres, Sinibaldo prit sur sa droite, pour rejoindre l’avenue Simon Bolivar. Il ralentit et se pencha en avant sur son volant, pour regarder le ciel. Son regard se fixa sur une enseigne lumineuse jaunâtre, qui clignotait faiblement dans l’obscurité : « Hôtel Stegson ». Deux voitures étaient parquées devant le bâtiment, sur le trottoir, et deux hommes en gardaient l’entrée, une cigarette au bec. Ils regardèrent passer la BX d’un œil torve en lâchant des pets de fumée par la bouche. Sinibaldo poussa un grognement de satisfaction tandis que sa sœur ricanait.

— Oh, comme c’est trognon : il a besoin de chaperons pour dormir, notre bébé rose, dit-elle en vérifiant que son chignon était parfait dans le miroir du pare-soleil.

— Et comme on est gentils, on lui apporte le suppo, railla son frère, l’air mauvais.

Ils firent encore deux cents mètres sur la Bolivar et Sinibaldo parqua la Citroën dans une rue adjacente. Ils demeurèrent silencieux quelques minutes, observant attentivement les alentours. Satisfait de voir la rue déserte et tranquille, Sinibaldo dit :

— Via !

Sans dire un mot, Farfalla s’empara du fusil et descendit du véhicule. Elle referma la portière et courut jusqu’à l’entrée d’un immeuble. Sinibaldo attendit quelques secondes pour s’assurer que sa sœur était entrée, puis redémarra. Après quelques mètres, il fit rapidement demi-tour et prit la rue descendante, parallèle à la Bolivar. Il parqua la BX sur une place bleue et descendit du véhicule. Il parcourut d’un pas rapide la ruelle et quand il estima être pile-poil à l’arrière de l’hôtel, il s’enfila dans la ruelle jonchée de papiers, mégots et autres déchets, dérangea quelques rats qui dînaient tranquillement dans une poubelle oubliée, pour finalement se retrouver devant la porte de service de l’hôtel. Il faisait aussi noir que dans une mine de charbon et il savait par expérience qu’un gorille devait se tenir planqué, à l’affût, dans cette ruelle. Restait à savoir où. Il n’eut pas à attendre longtemps.

— Entrée interdite, circulez, ‘y a rien à voir, dégage ! fit une voix derrière un container de poubelles.

— Je bosse dans l’hôtel ! Qui êtes-vous ? Que faites-vous là ?

Sinibaldo vit une ombre se découper dans la pénombre. Il fallait déjà de bons yeux pour discerner quoi que ce soit.

— Si on te le demande, tu diras que tu ne sais pas. Dis-moi, si tu bosses là, tu dois avoir les clés, non ? Alors, prouve-le-moi ! ordonna l’homme en s’approchant, la main dans le veston. Ouvre cette putain de lourde ou dégage !

Sinibaldo choisit la troisième option. Son poing s’enfonça dans l’estomac du type, qui se plia en deux en expirant de l’air qui devait se trouver dans ses poumons depuis sa naissance. Un coup de genou dans les gencives finit de le terrasser et il fila rejoindre les ordures abandonnées. Sinibaldo sortit son couteau, lui trancha la gorge et essuya la lame sur le veston du gorille. Puis il tâtonna le mur de ses mains gantées et sentit finalement une échelle fixée contre le mur. Sans perdre un instant il l’escalada et se retrouva rapidement sur le toit de l’hôtel, qui ne comptait que deux étages. Il ôta son jean et son gros pull-over et les laissa choir sur le sol. Il enfila sa cagoule puis s’avança à pas de loup vers l’avant de l’édifice. Il plissa les yeux et son regard balaya les fenêtres plongées dans le noir, situées au quatrième étage de l’immeuble d’en face. Il savait que sa sœur était en position, couvrant ses arrières. Pas besoin de signe lumineux ou autre stupidité qui les feraient repérer, car ils connaissaient leur travail.

Il avança encore un peu et se coucha près du rebord, sa tête dépassant du toit. Tout en se tenant fermement de ses deux mains, il se pencha au maximum de son équilibre, tâchant de voir quelles fenêtres étaient illuminées. Celle de droite, collée contre le bâtiment qui jouxtait l’hôtel, rayonnait de lumière et des bruits se faisaient entendre depuis l’intérieur. Quand il regarda en bas, il vit que les deux véhicules étaient toujours parqués devant l’entrée et que les deux gugusses fumaient toujours. Ses deux mains solidement accrochées au rebord, il laissa glisser ses jambes dans le vide, puis son derrière. Suspendu comme un saucisson à cinquante centimètres de hauteur du minuscule balcon de la chambre, il inspira et se laissa tomber en douceur, la main dans sa veste. Il colla son museau contre la vitre et ricana en silence. La chambre était rouge, moche et la décoration devait dater de la Première Guerre. Un grand et solide lit en occupait les trois-quarts et il tressautait au rythme d’un pachyderme nu comme un ver, suant et puant, transpirant et dégoulinant qui tentait — sans succès — de faire reluire une pauvre prostituée qui étouffait sous les cent vingt kilos de barbaque qui s’agitaient sur et en elle.

— Vivement que je mette fin à cette pathétique tentative d’accouplement, gros tas ! Parce que là, je parie ma BX contre une Ferrari que tu fourres le matelas.

Roman d'aventures

Tome 2 : Pizza fatale

Piégés ! Trahis ! Enlevés ! Dénoncés ! Les Pomodoro vont souffrir cette fois-ci !
En ce mois de juin 1984, la famille Pomodoro se remet doucement de ses mésaventures précédentes : Cunegonda s’habitue au nouveau restaurant, Farfalla, entre deux missions d’assassinat, file le parfait amour avec son fiancé ; son frère, Sinibaldo, le deuxième Sicario, lorsqu’il n’est pas aux côtés de sœur, enchaîne galeries, concerts et conquêtes. Quant à Nicodemus, le commissaire, il résout enquête après enquête. Le patriarche, Gardino, goûte aux plaisirs tranquilles d’une vie faite de contrats et de gastronomie : les deux traditions Pomodoro.
Malheureusement, cette vie paisible va rapidement être bouleversée par les agissements d’une puissance qui semble avoir juré leur perte. Pièges, trahisons, enlèvements, assassinats, dénonciations aux autorités… rien ne sera épargné pour les éliminer. Pour la première fois de leur vie, les Pomodoro seront traqués, passant de chasseurs à proies, le fantôme d’un passé trouble à leurs trousses. Certains souvenirs auraient mieux fait de demeurer enfouis dans les mémoires, mais le passé est tenace et les conséquences de certains actes peuvent se déclarer des années plus tard.
Les Pomodoro s’en sortiront-ils indemnes ? Réussiront-ils à éliminer cette froide menace sans y laisser des plumes ? Il se pourrait bien que cette fois-ci, les balles sifflent à leurs propres oreilles…

Broche La famille Pomodoro tome 2, de Nicolas Pellolio.
Broche La famille Pomodoro tome 2, de Nicolas Pellolio.
Ebook La famille Pomodoro tome 2, de Nicolas Pellolio.
Ebook La famille Pomodoro tome 2, de Nicolas Pellolio.

ISBN : 979-8328315623

Nombre de pages : 322 pages

Date de sortie : 12 juin 2024

Disponible dans l'abonnements Kindle

Lire un extrait - Chapitre 1 :
Un cadavre pour trois tueurs

Sinibaldo porta les jumelles à ses yeux, puis il scruta les fenêtres, le jardin, le parking et tous les murs de la maison. Tout était calme. Il poussa un grognement et tendit le dispositif optique à sa sœur.

— Tiens, Farfalla.

— Tu n’es pas convaincu, hein dis ?

L’Italien de trente ans fit la grimace et hocha la tête de gauche à droite.

— Non.

La jolie blonde, dont les cheveux ondulés étaient ramassés en un chignon serré – sa coupe de cheveux quand elle travaillait – observa à son tour l’endroit où vivait leur cible.

— Rien. Que la poudre qui poudroie et les chats qui se baladent.

— Justement, c’est ce qui me trouble. Il n’y a pas un garde du corps !

— Étrange, en effet.

— Les indications de nos fournisseurs précisaient cependant qu’il y aurait deux gardes.

Sinibaldo et Farfalla étaient habitués à exécuter des contrats ensemble depuis plus de dix ans et leur intuition fonctionnait au diapason.

— On annule ? demanda l’Italien.

— Compliqué.

— Oui, mais vaut mieux ça que de tomber dans un piège.

Sinibaldo savait que son impétueuse sœurette rêvait de foncer tête baissée et revolver au poing. Elle était aux limites de la témérité quand il s’agissait de prendre des risques.

— Tu veux annuler ? Sérieusement ?

— Oui. On ne la sent pas cette mission.

— Les Benini vont faire la tête.

Sinibaldo haussa ses épaules moulées dans sa veste de Kevlar noire et ricana.

— Si tu savais comme je me fiche de ces avocats fournisseurs de contrats !

— Et papa ? Tu te fiches aussi de sa réaction ? demanda Farfalla, un rictus aux lèvres.

Son frère pâlit un peu.

— Déjà moins, c’est sûr. Tu en penses quoi ?

— Que cette discussion me donne mal au crâne.

Elle n’exagérait pas. Jamais au grand jamais son frère et elle avaient hésité, à seulement quelques instants d’exécuter un contrat. La fougue de Farfalla prit le dessus.

— Bon, on ne va pas se dégonfler, ça ne nous est jamais arrivé !

Sinibaldo acquiesça. Tout avait été préparé dans les moindres détails par leur père et eux-mêmes et rien n’avait été laissé au hasard. De plus, en dix ans, les Benini n’avaient jamais fourni un contrat foireux.

— D’accord. Mais au premier truc suspect, on met les bouts.

— Andiamo !

Ils sautèrent du toit de la voiture sur laquelle ils étaient perchés et s’accrochèrent aux briques saillantes du mur d’enceinte, en faisant bien attention à ne pas toucher les fils électriques. Le petit panneau en plastique jaune qui balançait au gré du vent indiquait « Attention danger 15 000 Volts ». Le léger bruit régulier de pulsation qui provenait des fils prouvait que ce n’était pas du flan : la grille était bien sous tension. Ils se rétablirent sur le sommet du mur.

— Elle doit être sous alarme, donc on ne la court-circuite pas, dit Sinibaldo.

— Allons jusqu’au coin, il y a toujours une jonction à exploiter.

Ils avancèrent rapidement, en équilibre sur le rebord du mur de briques.

— All in all, you’re just another brick in the wall, chantonna à voix basse Sinibaldo.

— Qu’est-ce que tu marmonnes ? demanda sa sœur.

— Pink Floyd, ignorante.

— Encore ta musique d’intellectuels d’une autre époque !

— Hein ? L’album est sorti il y a cinq ans à peine !

— Pff, des chansons de plus de dix minutes, impossibles à danser. Inécoutable, ton truc.

Sinibaldo secoua la tête en levant les yeux au ciel.

— Mamma mia…

— Tais-toi et marche !

Arrivés à l’angle du mur, ils virent qu’en effet, le raccord était fait de deux poteaux métalliques, entre lesquels bâillait un espace de cinquante centimètres.

— Tu ne passeras pas, avertit Sinibaldo.

— Tu me traites de grosse ?

— Dieu m’en garde !

Farfalla possédait un corps musclé et fin, mais sculpté en amphore : une vraie méditerranéenne. Son caractère allait de pair. Trempée à l’huile d’olive et durcie par le soleil, il valait mieux ne pas se frotter à ses épines. Elle se plaça de profil aux poteaux, mesura l’écart d’un coup d’œil et se propulsa latéralement. Ses vêtements, notamment au niveau de la poitrine et de ses fesses, frôlèrent le métal. Elle se rétablit comme une chatte de l’autre côté, en contrebas. Sinibaldo exécuta immédiatement la même acrobatie et les deux frère et sœur se retrouvèrent accroupis dans le jardin. Ils coururent jusqu’à la maison d’un seul étage, longèrent le mur, s’accroupissant pour passer sous chaque fenêtre. Aucune lumière ne filtrait d’aucune d’entre elles, ce qui renforça leur sentiment que quelque chose n’allait pas.

— Il n’est pas chez lui, il n’y a pas de lumière ! dit Sinibaldo.

— Il dort peut-être ?

— À 21 heures ?

— Il est peut-être nyctalope ?

— Ferme-la et viens !

Ils avancèrent jusqu’à la porte de la cuisine, qui donnait sur le parking. Une belle Bentley Mulsanne Turbo gris-bleu, était stationnée devant le garage.

— Madonna ! Quelle merveille ! s’exclama Sinibaldo.

Sa sœur lui jeta un regard incrédule et quelque peu méprisant.

— Ce machin, là ? Mais c’est une voiture de vieux schnock, ça ! Quelle horreur !

— Pff, tu ne changeras jamais. Tu ne sais pas apprécier les belles choses.

— Tandis que toi, oui, hein ? Il suffit de voir les traînées avec qui tu sors.

En entendant ça, Sinibaldo, qui était en train de crocheter la serrure de la porte, cassa son outil dans le cylindre. Il se tourna, rouge de colère vers sa sœur.

— Je ne dis plus rien, dit-elle en faisant une moue de petite fille.

— Travailler avec sa sœur, grommela-t-il en sortant un nouvel outil de sa trousse. Tu parles d’une sinécure. Pourquoi n’ai-je pas, comme dans les films, une belle blonde sulfureuse, amoureuse de moi et qui m’adulerait ?

Farfalla fit la grimace et plissa ses jolis yeux.

— Tu me fais de la peine, tu sais. Vraiment.

— Ah oui ? Et qui est-ce qui…

— Tu l’ouvres cette lourde ?

— Voilà, voilà !

La porte s’ouvrit sans un bruit. Ils se faufilèrent à l’intérieur puis refermèrent le battant derrière eux. Ils étaient dans un grand hall, plongé dans une presque obscurité. Seules les grandes baies vitrées et les fenêtres, qui laissaient entrer la lumière des lampadaires extérieurs, leur permettaient de se repérer. Il n’y avait aucun bruit dans la maison et cela leur donna l’impression de se retrouver dans une tombe. Chassant ce sentiment désagréable, Sinibaldo indiqua du doigt les escaliers. À pas de loup, ils gravirent les marches et se retrouvèrent à l’étage. Il y avait trois portes dans le couloir, toutes fermées. Les informations fournies par les Benini précisaient que la chambre de leur cible était au fond. Quelques secondes après, Farfalla appuyait doucement sur la poignée. La porte s’ouvrit et ils pénétrèrent dans la pièce. Sur le lit, reposait leur cible, habillée, les mains croisées sur la poitrine. Son front et son torse étaient ornés de deux trous rouge foncé.

— Mais qu’est-ce que ça veut dire ? balbutia Farfalla en découvrant le cadavre.

— On file ! dit son frère en la saisissant par le bras. Viens !

À ce moment, des bruits de pas se firent entendre, des voix d’hommes résonnèrent dans le patio et les lumières du couloir s’allumèrent toutes d’un coup.

— Par là !

Ils foncèrent de concert vers la fenêtre, l’ouvrirent d’un geste brusque et grimpèrent sur la corniche. En dessous d’eux, des policiers s’amassèrent, les braquant de leurs armes.

— Rendez-vous ! Vous êtes cernés !