Ils sont tous là, ils sont tous prêts, à tout, surtout au pire !

Comme on dit aujourd'hui : "battle" à tous les étages. L'hypocrisie croyait se faire la part belle ? Que nenni ! La méchanceté gratuite a cru alors tirer son épingle du jeu ? Pas mieux ! La jalousie a donc essayé de passer sur le devant de la scène, talonnée par l'ironie et le mauvais esprit, mais ils se sont tous pris les pieds dans le tapis.

Tempête de fiel

Comédie

Tempête de fiel

Michel, le narrateur, n’a aucune envie de se rendre à ce week-end, apparemment festif, organisé par son ex-belle-mère pour fêter ses 80 ans ! Week-end qui réunit, selon lui, toutes les conditions pour mal se passer…et qui se passera plus mal encore !
À 55 ans, Michel nous livre, sans filtre et avec beaucoup d’humour, noir la plupart du temps, ses déboires familiaux et ses griefs contre l’univers qui l’a propulsé dans ce piège.
Imaginez-vous, coincé par la neige, durant deux longs jours, dans un chalet avec votre ex-femme, dont vous n’avez jamais vraiment voulu vous séparer, accompagnée de son bellâtre de fiancé, votre ex-belle-mère donc qui, par un coup du sort, est née le même jour que votre mère, présente, elle aussi, ainsi que vos deux fils, dont l’un est marié avec l’ex-copine de l’autre. Cela devrait suffire à transformer ce chalet féérique en une poudrière. Et comme si cela n’était pas suffisant, l’ex-belle-mère a imaginé un plan machiavélique à visée pseudo-thérapeutique qui forcera tout le monde à avouer ses fautes et ses récriminations envers les autres membres de la famille… Michel, contre toute attente, va tout mettre en œuvre pour que ce linge sale lavé en famille ressorte encore plus sale, voire carrément troué !
Le cynisme devient alors général et offre au lecteur de goûteux moments d’humour noir et d’autodérision d’une lucidité aussi acide que touchante. C’est une véritable guerre de tranchées au cœur d’une famille bourgeoise bienséante en apparence qui se livre ici.

Derrière des dialogues vifs, drôles et enlevés, le récit donne à réfléchir à des sujets plus concernant comme la paternité, la masculinité contemporaine, les relations amoureuses et familiales sans aucune moralisation, mais avec finesse et humour.

Cette fête de famille achèvera-t-elle de convaincre cet antihéros que l’univers se délecte à se jouer de lui ? Au contraire, parviendra-t-il, alors que le destin s’acharne, à tirer son épingle de ce jeu pervers ? Écrites au présent et à la première personne, cette comédie drolatique, caustique et mâtinée de cynisme vous emporte comme une tempête de fiel !

Broché Tempête de fiel, de Nicolas Pellolio.
Broché Tempête de fiel, de Nicolas Pellolio.
Ebook Tempête de fiel, de Nicolas Pellolio.
Ebook Tempête de fiel, de Nicolas Pellolio.

ISBN : 979-8867796464

Nombre de pages : 237 pages

Date de sortie : 22 novembre 2023

Disponible dans les abonnements Kindle et Kobo+

Lire un extrait - Chapitre 1 :(Ré)jouissances

Nous vivons dans un monde cruel et sans pitié. L’univers aime à nous plonger dans un océan de marasme sadique afin de nous faire tomber en totale apathie. Pour se faire pardonner – car il en est bien conscient, ce salaud – il nous envoie des signes afin de nous avertir des dangers que nous allons devoir affronter. Ces signes, ces présages, peuvent se présenter sous la forme d’incidents, de conversations ou encore de rencontres. Il suffit parfois d’un mot, d’une phrase ou d’un clin d’œil. Si nous ne les percevons pas, si nous ne les interprétons pas, le malheur qui tombe sur nos frêles têtes n’en est que plus mérité. Dans mon cas, le signe avant-coureur de la catastrophe à venir est un appel de mon ex-femme, Françoise.

— Michel ? Ça va ? Maman a eu une super idée pour ce week-end.

Voilà, rien de plus. Je suis sûr que je me souviendrai longtemps de ce moment. Nous sommes un dimanche matin et il est onze heures trente-deux. Je le sais, car je viens de regarder l’horloge accrochée dans la cuisine – celle qui fait un bruit d’enfer – et en regardant la porte de la chambre, je viens de me dire « si Machine ne se barre pas très vite, je vais devoir me l’appuyer toute la journée ». Pas très sympa de parler ainsi d’une jeune femme qui a bien voulu me faire grâce de ses charmes toute une nuit, je sais.

— Michel ? T’es là ?

J’hésite. « Là » pour quoi ? Mes tripes macérant dans l’alcool ingurgité la nuit passée grommellent un truc, mon instinct de tueur sonne l’alarme dans ma tête, bien qu’il soit enfoui depuis des millénaires dans un coin de mes mémoires cellulaires (vestiges d’une époque ultra lointaine où je devais chasser pour me nourrir). Ignorant ces avertissements, je réponds. Par faiblesse, sans doute, parce que j’ai passé une nuit à murmurer des « Je t’aime Françoise » à une femme qui ne s’appelle pas ainsi.

— Oui, oui, Françoise. Tu disais ?

— Ah bon, j’ai cru que la ligne était tombée. Je disais donc, tu te rappelles que nos mères respectives ont quatre-vingts ans ce week-end ?

Elle plaisante ? Comment aurais-je pu oublier un tel événement ? Le fait que nos mères respectives fussent nées à la même date était déjà une marque funeste du destin et le fait qu’elles n’aient jamais, mais au grand jamais pu se souffrir en était une autre. Après notre divorce, il y avait de cela cinq ans, j’avais pensé en avoir enfin terminé avec ces fêtes communes qui faisaient passer un interrogatoire de Torquemada pour une récréation enfantine, mais il n’en était rien. Les deux femmes, qui s’étaient pourtant toujours haïes, avaient mis un point d’honneur à continuer contre nature ces moments pénibles pour tous. Et je ne parle pas de Françoise qui, depuis deux ans, venait avec son mec, Olivier. Quel connard.

Et je ne parle pas non plus de nos deux fils, Pierrot et Jeannot. Il est vrai que si le premier n’était pas sorti avec Julie pendant dix ans et que celle-ci ne l’avait pas planté pour se caler avec Jeannot, ça serait plus simple aussi.

— Et donc ? Laisse-moi deviner ! On fait la fête tous ensemble ?

— Tout juste, mon vieux.

Je hais quand elle m’appelle ainsi, elle le fait exprès pour me rappeler que son mec a dix ans de moins qu’elle et par conséquent dix ans de moins que moi. Quel connard.

— Ouais, comme chaque année, quoi. Mais, moi, cette fois-ci, je ne sais pas si je vais pouvoir…

— Attends, attends, avant de me sortir tes excuses bidon. Cette fois-ci, ça sera différent.

Les signes ! Je l’avais bien dit, pourtant. On reçoit des signes. Et on ne les prend pas en compte. Pourquoi ? L’homme doit posséder un instinct de mort, je ne vois pas d’autre explication.

— Ah ? On s’engueule directement en arrivant, cette fois-ci ?

— Non…parce que ça on l’a déjà fait. Tu te souviens de l’année passée ? Olivier avait à peine éraflé la carrosserie de ta Peugeot que tu lui as sauté dessus comme une harpie et que du coup on s’est tous…

Tu parles si je m’en souviens. Quel connard.

— OK, OK. Mon psy me conseille d’éviter ce genre de discussion. Et quelle est la nouveauté cette fois ?

— Maman propose un week-end entier dans un chalet à la montagne ! C’est pas génial ?

Dès ce moment, je n’entends plus rien. Une rupture d’anévrisme, peut-être. Ou alors, l’univers, pour se faire pardonner, m’a temporairement ôté l’ouïe. Temporairement, je dis bien, car je la retrouve trop tôt. C’est ballot, car une surdité permanente m’aurait évité ce week-end qui s’annonce sous de funestes auspices. Il manque plus qu’un corbeau mort devant ma porte ou un sanglier égorgé.

— Allo ? Mais qu’est-ce qui se passe ce matin ? T’es là, Michel ?

Je l’entends, mais je ne peux pas répondre, car je ne sais pas quoi répondre. Dans un accès de fureur destructrice, je pense même lui dire que je vais venir avec…Machine, là, mince, je ne suis pas foutu de me rappeler son nom…bref, celle qui dort dans mon lit. Cela provoquerait un chaos expiatoire, qui sublimerait la damnation prévue. Mais je me retiens au dernier moment, car je réalise que l’incommodité que je ressentirais d’être en compagnie d’une femme que je ne connais pas pendant deux jours dépasserait en intensité le plaisir de voir mon ex-belle-mère hurler au scandale. Il faut dire que cette fille, que j’appelle méchamment Machine, a quelques années de moins que mes fils.

— Bon, ça coupe sans arrêt. À plus ! Appelle ta mère !

Clic. Elle a raccroché. Je reste là, en peignoir, le téléphone dans la main. L’odeur de toast brûlé me fait revenir à la réalité. Le « tu as du café, mon chéri ? » aussi. Je me retourne et vois la belle brune de vingt-cinq ans nue devant moi. Elle me fatigue déjà, je n’ai plus envie de la voir et je déteste le café.